SYNOPSIS | CRITIQUES | MAKING OF | AFFICHES
D'abord, une évidence : The Avengers ne prend pas. Lorsque John Steed et Emma Peel, à la fin de l'histoire, se félicitent de leur bon travail et se remercient mutuellement en levant une coupe de champagne, on est un peu interloqué. Car jusque–là, il ne s'est à peu près rien passé. Il y a bien eu quelques poursuites dangereuses, deux ou trois explosions spectaculaires, nos héros ont bien vaincu un terrible ennemi, ils se sont même embrassés (les puristes doivent être furieux). Pourtant, tout se passe comme si on n'avait assisté qu'à une séquence introductive, un peu comme lorsque James Bond règle vite fait une affaire au début du film avant de passer aux choses sérieuses. Sauf que là, ce n'est pas vite réglé du tout. Malgré le fait que la projection dure moins d'une heure et demie, c'est affreusement lent et long. Reste à savoir pourquoi le remake prometteur peut produire un tel ventre mou.
La réponse est peut–être simplement dans une sorte d'incapacité générale à retrouver l'esprit de Chapeau melon et bottes de cuir. Sortie d'un imaginaire terriblement porté sur un fantastique à l'ancienne (celui d'Edgar Allan Poe ou de Lewis Carroll), la série était étrange, absurde, et cultivait un humour au second degré qui lui permettait les intrigues les plus irréelles. Dans le remake, scénariste, réalisateur et comédiens se sont manifestement appliqués à restituer sa touche particulière, unique. Mais tous sont dramatiquement tombés dans le piège le plus gros d'une telle entreprise, celui du mimétisme creux. Ils ont pris tous les signes extérieurs qui leur semblaient définir Chapeau melon, et les ont enfilés comme on fabrique un collier de perles. Tous les clins d'œil deviennent ainsi des clichés, l'humour devient lourd et attendu, le style british se transforme en pose artificielle, et l'intrigue ennuie par son incohérence et sa facilité.
Au lieu d'être une histoire, The Avengers n'est donc qu'un catalogue de références qui ne se contente pas de citer la série, mais puise dans toute la culture anglaise. Les personnages boivent du thé et grignotent des macarons à tout bout de champ, citent Shakespeare de–ci de–là, jouent au croquet et aux échecs tout en causant espionnage, roulent en mini ou en Austin coupé, et ne manquent évidemment jamais une repartie très «flegme british» lorsqu'ils sont en danger de mort. Leur parcours passe par un labyrinthe galant en buissons taillés, le château XVIIIe qui abrita Churchill, ou des buildings high–tech à la Norman Foster. Les grands–mères sortent des mitraillettes de leur poussette, et l'ennemi, bien évidemment, est Ecossais. Enfin, le générique de début, de même que l'épilogue, font explicitement référence à James Bond, et l'idée de l'intrigue – un fou contrôle la météo et menace d'ensevelir l'Angleterre sous la neige – semble directement piquée à Blake et Mortimer. L'ensemble donne un film–musée, immobile et sans âme.