En 1975, un producteur français, Rudolf Roffi, contacte Clemens et Fennell, pour réaliser une publicité pour le champagne Perrier Jouet, avec Macnee et Linda Thorson.
Alors que la publicité est filmée aux Studios Elstree, Roffi est surpris d'apprendre que les Avengers ne sont plus en production. Fennell lui explique qu'il a passé trois ans à tenter de faire revivre la série, tout de même la meilleure et la plus lucrative produite en Angleterre… sans succès ! Atterré, Roffi promet de trouver l'argent nécessaire pour relancer Chapeau melon. Fennell et Clemens sont dubitatif, pourtant, quelques mois plus tard, Roffi les rappelle : il a trouvé le financement ! Immédiatement, fin 1975, cette nouvelle version co–produite par TF1, intitulée les New Avengers, est tournée en 1976 et 1977. À la demande des français, Patrick Macnee est toujours présent. Joanna Lumley incarne Purdey, et Gareth Hunt Mike Gambit, un nouvel assistant masculin de Steed, qui écope de toutes les scènes d'action. Cette série est d'une très bonne qualité. C'est sans doute la meilleure série anglaise des années 70, mais malheureusement, elle n'est pas à la hauteur des Avengers originaux. Pour deux raisons principalement, tout d'abord, le changement du duo en trio. Macnee le reconnaît lui–même, il aurait fallu garder Steed et Purdey ou Gambit et Purdey, mais pas les trois ensemble. Ensuite, Clemens a fait une «suite» de cette nouvelle série, au lieu de faire un remake de l'ancienne. Si la première était un miroir des années 60, celle ci est un miroir des années 70, et des désillusions qui ont suivit. Tout y est donc plus noir et réaliste. Les agents secrets autrefois élégants et flamboyants sont devenus des clochards alcooliques et mal habillés. Steed lui–même s'est embourgeoisé. Les histoires sont principalement préoccupées par le passé, des histoires de vengeances, d'envies de ressusciter une époque révolue, disparue à jamais. Une atmosphère noire et suicidaire plane sur beaucoup d'entre–elles. Les années 70 sont un véritable cauchemar, et cette nouvelle série retranscrit parfaitement l'atmosphère malsaine de l'époque. Malheureusement, elle n'aura pas le temps de mûrir. Des problèmes financiers surgissent bientôt, certains épisodes sont filmés en France par le team qui a réalisé Emmanuelle (!) et d'autres au Canada. La diffusion britannique est sabotée par la chaîne, qui montre les épisodes à des horaires variant et dans le désordre selon les régions, empêchant toute promotion nationale d'être efficace. Pire, la série ne sera pas vendue aux USA avant son annulation, alors que cet argent aurait pu servir à une nouvelle saison ! Souvent rejetés par les fans pur et dur, les New Avengers ne méritent pourtant pas l'opprobre dans laquelle ils ont été longtemps entretenus. En dehors des épisodes réalisés à l'étranger, il s'agit d'une intéressante variation thématique sur les épisodes des sixties, truffée de scènes d'actions montées ultra–cut, et de croustillants dialogues Gambit / Purdey.
Si l'esprit Chapeau melon est bien présent, les New Avengers déçoivent les fans, qui, déjà, préfèrent la nostalgie des sixties. Elle emporte cependant l'adhésion des spectateurs qui trouvaient les Avengers «idiots» avant, et deviendra aussi un grand succès international.
David Fakrikian |