The Minikillers n’a pas de tonalité aussi définie ou apparentée à un genre cinématographique connu et répertorié que Das Diadem. Toutefois, il y a un esprit très jamesbondien qui parcourt ces vingt-huit minutes.
Ces quatre petits films sont reliés entre eux par la présence des mêmes protagonistes : une jeune femme (Diana Rigg) dont le comportement ressemble à celui d’Emma Peel (mimiques identiques, karaté et facétie du personnage, etc.), un vieux beau riche comme Crésus, un garde du corps chauve et ridicule. Le principe est toujours le même : la pseudo-Emma doit échapper à son agresseur (le garde du corps) pendant que le vieux beau commandite sa disparition tout en flirtant à distance avec elle. Le dernier film du quatuor met l’ersatz d’Emma en une position très délicate, qui n’est pas sans rappeler certaines situations bien connues des Avengers. Celles-ci évoquent Le tigre caché (le mécanisme à distance qui permet de tuer), Dans sept jours le déluge (la situation délicate finale dans laquelle se retrouve notre héroïne de chic et de choc, face à une presse qui risque de l’écrabouiller) et la structure de rappel des quatre mini-épisodes fait songer à la «saga» des Cybernautes.
Le premier générique présente une image déformée de plusieurs poupées identiques. Tout ceci est très psychédélique et kaléidoscopique. La musique est syncopée, un peu agaçante : crispante est le mot. Elle scande le titre : «Minikillers ! Minikillers !».
Première partie : Operation Costa Brava
Une plage, quelque part au soleil. Une musique hispanisante. Le décor est posé. «Emma Peel» en vacances. Un hôtel. Un homme observe quelque chose à la jumelle. Un autre ouvre une valise truffée d’informatique et déplie une antenne. Emma surgit, vêtue d’un bikini riquiqui, sous une chemise rouge, et un homme à la fine moustache la regarde passer, en la dévorant des yeux. On aperçoit un bâtiment qui porte une enseigne que l’on ne peut déchiffrer entièrement : «Kim’s ladies…». Emma se prélasse au soleil et lit au bord d’une piscine. Un grand homme chauve (le même acteur que dans Diadem ?) s’assit non loin d’elle et semble attendre quelque chose. Il manipule les aiguilles d’un chronomètre pendant que deux hommes observent la scène avec des jumelles. Un des deux sort un fusil avec un viseur.
Une scène surréaliste : une poupée s’avance VOIR LA VIDÉO. Les bras tendus. Un homme la prend dans ses bras, l’air joyeux, tandis qu’Emma suit la scène, très amusée. L’homme chauve appuie sur le chronomètre qui affiche deux heures et demie et la poupée envoie avec ses yeux un liquide, qui provoque d’abord l’hilarité de l’homme qui la tient, puis sa mort. Visiblement, l’homme au fusil a été devancé dans son projets d’assassinat. Mais ceci n’est pas très clair.
Bousculade. Tout le monde se rue vers l’homme. Emma ramasse la poupée et part. Le grand chauve est consterné. Il informe un complice de la difficulté qui se présente à eux.
Emma ressurgit, toute de noir habillée, chemise et pantalon. Un homme la guette, l’attaque par derrière ; elle le met à terre. Il part, piteux, en se frottant le dos. Emma rigole. La musique exprime cet amusement avec quelques notes enfantines. L’homme a laissé derrière lui le chronomètre qui sert de télécommande et Emma le démonte. Tout en câlinant la poupée. Quelle innocence tout de même ! Le procédé est grossier.
Une main anonyme fait pénétrer une poupée jumelle de la première dans sa chambre d’hôtel. Emma ne voit rien ! Mais le spectateur ne tremble pas. Tout ceci ressemble trop à une vaste plaisanterie. En manipulant le chronomètre, elle fait agir la seconde poupée (cela lui sauve la vie), pensant donner vie à la première, qui semble cassée. Elle part, prenant un sac de plage, vêtue cette fois-ci d’une robe courte bariolée. La poupée répand son liquide mortel en pure perte.
Seconde partie : Heroin
Même musique qui fleure bon l’Espagne. Une plage. Emma étendue, qui bouquine. L’esprit léger. Elle observe des plongeurs (décidément ce thème est présent d’un film à l’autre). Elle prend des photos et fixe un bateau, au loin. Deux hommes l’observent avec deux paires de jumelles. Emma est beaucoup regardée ! Sur ce bateau, plein d’hommes (on reconnaît ceux du premier «épisode») et quelques femmes qui manipulent des poupées. On n’y croit pas une seconde. Emma épluche une pomme lorsqu’elle aperçoit un mannequin vêtu d’un maillot de bain VOIR LA VIDÉO. Une poupée grandeur nature ! Soudain, elle se voit entourée d’une multitude de grandes poupées ! Nous ne sommes pas dans la quatrième dimension mais cela y ressemble deux secondes. A distance, sur le bateau, les poupées sont manipulées. Elles avancent vers Emma et du sable surgit un filet ! Emma se retrouve prise dans le filet et entraînée vers l’eau. Cette séquence est assez audacieuse et plutôt réussie. C’est curieux comme le très bon (cette scène) et le très mauvais (tout le reste !) se côtoient dans ce film.
On ne sait pas très bien comment Emma réussit à s’échapper mais les hommes du bateau ramènent un filet dans lequel ne subsiste plus qu’une grande poupée. Exit Emma !
On la voit s’agripper au canot du bateau et monter sur ce dernier. Elle perdu en cours de route sa robe et se trouve en bikini blanc.
L’homme à la moustache, le cerveau de l’affaire, est très mécontent. Il donne des ordres à coup de gestes violents, pendant qu’Emma fouille le bateau. Elle découvre la photo de deux agents d’Interpol marqués d’une croix blanche. L’un d’eux est celui qui a été tué précédemment. Le mot Interpol inscrit sur la photo fait sourire… jaune. Le chef des vilains pénètre dans la cabine où s’est réfugiée Emma, une poupée à la main. Elle essaie de cacher sa presque nudité. L’homme ne tente rien pour l’attraper. Il appelle du renfort, pendant qu’Emma explore les lieux, ayant trouvé un ciré jaune au passage. Elle découvre une poupée qu’elle examine sous toutes les coutures, allant même jusqu’à soulever sa petite culotte en riant. Tout ceci sonne très faux dans le jeu de Diana Rigg. On se sent embarrassé pour elle. Etrange sensation. D’autant plus que c’est une excellente comédienne qui parvient néanmoins à donner un peu de sens à cette galéjade.
Le bateau arrive à quai. Emma s’extirpe sans difficulté du bateau, non sans avoir filé une raclée à deux hommes. Tout ceci est d’une invraisemblance sans nom. Elle aurait pu être capturée et tuée vingt fois. Le chef des vilains embrasse des gens venus l’accueillir sur le quai. Cinq ou six femmes. Emma, elle, s’empare d’une voiture, fait de la main un petit coucou au vilain et s’en va, superbement. Elle retrouve sa propre voiture, une décapotable magnifique, pendant que la voiture qu’elle abandonne reçoit une contredanse…
Tout ceci est, on le comprend, sur un mode humoristique. Et si l’on prend les choses dans ce sens, on sourira peut-être de bon cœur.
Troisième partie : Macabre
Rebelote ! La même musique. Emma est attablée à une terrasse de café. On la surveille, une fois de plus (!), au moyen de jumelles. Bis repetita non placet… Elle arbore un foulard blanc qui encercle sa gracieuse tête. Le vilain et d’autres hommes sont sur le balcon d’un édifice, une banque. Le moustachu sort un briquet (qui fait talkie-walkie !). Nous sommes dans l’ère des gadgets à la James Bond. Il appelle le grand chauve, qui attend sa proie, dans une voiture, en compagnie d’une poupée tueuse. Il la dépose sous un siège de la décapotable d’Emma. Le piège est ouvert. Emma Peel roule suivie par une Mercedes (la victime de la contravention). On notera au passage que les décors naturels sont plutôt agréables à l’œil et qu’il y a un certain nombre de figurants, alors que Diadem empestait la solitude. Pourquoi la suivre, alors qu’il est si facile de faire exploser la poupée-bombe ?
Bien sûr, Emma s’arrête et découvre la poupée. Cinq types sortent de la Mercedes et s’avancent vers sa voiture pendant qu’elle caresse la joue de la poupée. Elle la balance dans leur direction. Grosse explosion.
Le grand chauve est indemne et se précipite vers elle. Scène de combat. Ne changeons rien ! Il tombe dans un ravin et Emma lui lance gentiment une fleur comme elle le ferait sur une tombe. Elle part mais l’homme n’est pas mort.
Scène suivante : elle monte dans sa voiture (immatriculée D LT 688 ; le D représentant la région de Düsseldorf, et non pas l’Allemagne, si l’on se fie au site de Mike Noon), portant une sorte de mantille sur les épaules, par-dessus une sage petite robe noire. Un voiturier lui remet un message du moustachu, ce qui a le don de la faire sourire.
Elle arrive devant une belle demeure. Elle aperçoit une calèche ! Elle caresse un cheval, semble heureuse de vivre. Trois croque-morts lui proposent une dernière demeure VOIR LA VIDÉO ! Cette scène est épatante. Elle est tout à fait dans l’esprit de la série. Elle se débarrasse de tous les vilains et file avec la calèche. Pourquoi ne pas prendre sa décapotable ? C’est vrai que c’est plus élégant ainsi… Le moustachu met son chapeau melon – qui semble trop petit pour lui – et enrage. Il a encore perdu !
Quatrième partie : Flamenco
Un danseur de flamenco. Olé ! Emma assiste au spectacle, coupe de champagne en main. Le grand chauve est là, lui aussi. Le moustachu minaude avec une dame brune aux yeux de chat. Il est installé à une table du restaurant où se tient le spectacle. Le grand chauve l’informe de la présence d’Emma. Cette dernière porte une tenue du plus mauvais goût : une robe courte avec des rayures horizontales, le tout étant très pailleté.
Encore une fois, soulignons la qualité des décors, qui rend seule un peu crédible ces historiettes.
Emma regarde la photo et l’on saisit que le danseur est le second agent d’Interpol et que sa vie est en danger.
Le danseur quitte la scène. Il se nomme Sali. Son nom barre la porte de sa loge. Emma s’apprête à le rejoindre. Le grand chauve a la même idée. Retour des poupées tueuses. L’une d’entre elles élimine l’homme selon un modus operandi identique. Avant même qu’Emma ne découvre son cadavre dans la loge, elle est capturée par le grand chauve. Celui-ci revient au restaurant et fait signe au moustachu que tout est réglé.
Emma se réveille ligotée et en très mauvaise posture. Elle est prise au piège d’une machine infernale, d’une sorte de pressoir qui, lentement, descend sur elle. Il s’agit de la scène du restaurant qui s’enfonce dans le sol. Le mécanisme est apparent et ressemble à de grandes bobines de film. C’est un rouage dentelé.
Le grand chauve descend afin de vérifier si le travail a été correctement fait et il découvre, l’air abruti, que le mécanisme a été interrompu et que l’oiseau s’est envolé VOIR LA VIDÉO ! Emma a bloqué l’engrenage avec une bague !!! Nous n’avions pourtant pas remarqué qu’elle en ait porté lors des scènes précédentes ! Emma s’amuse de la déconfiture du type. D’autant plus que cet imbécile enlève la bague et que le mécanisme se remet en marche !!! Il se retire mais… oublie sa main ! Tout ceci relève d’un comique plus ou moins adroit et plutôt moins, avouons-le.
Emma retrouve l’agent d’Interpol dans sa loge. Mort, figé dans une accusation, désignant du doigt quelque chose.
Elle bouge les lettres du mot «Flamenco» sur une affiche et un passage secret s’ouvre devant elle. Il s’agit d’une cache. Des tas de boîtes avec des poupées tueuses à l’intérieur ! Certaines d’entre elles dissimulent dans leur corps ce qui semble être des sachets de drogue. Elles sont pleines de mauvaises surprises ! Un homme vient avertir le vieux beau moustachu que quelque chose ne tourne pas rond. Il quitte sa poupée, bien vivante celle-ci.
Il prépare une seringue. Il fait une piqûre à une poupée. Il attend Emma dans la loge du danseur. Emma essaie, dans la cachette, de faire bouger une poupée… mais son chronomètre fait œuvrer celle que tient le vilain. Il est aspergé de liquide mortel. Il tombe enfin raide mort, tandis que la police vient chercher le grand chauve. Emma gratifie la caméra d’un rapide clin d’œil et porte un toast à notre santé.
Fin. The end.
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